22 février 2019 5 22 /02 /février /2019 14:29

« Ça commence », c’est le titre qu’a donné Fonzy à son neuvième témoignage. C’est le titre qu’on pourrait aussi donner pour le démarrage de la grande communication pré-JO de Tepco sur la récupération du corium. La semaine dernière, le 13 février, après 9 mois de silence sur ses activités de démantèlement des réacteurs de Fukushima Daiichi, Tepco s’est vantée d’avoir réussi à déplacer, 8 ans après la catastrophe, quelques grammes de corium au fond de l’enceinte de confinement du réacteur n° 2. Certes, c’est une prouesse technique dans un environnement létal, mais il faut relativiser en pensant aux 257 tonnes de combustible fondu qu’il reste à récupérer dans les tréfonds inondés de la centrale. Il faut relativiser aussi l’état de l’information fournie par Tepco : des miettes lâchées aux médias – de belles images colorées, tels des tableaux de peinture contemporaine – car pas d’info sur le taux de radioactivité, sur la température… Des autorités, ce n’est pas mieux : pas d’info sur d’éventuelles études épidémiologiques suite à 2011, excepté cette surveillance des thyroïdes des enfants de Fukushima, qui n’est qu’un prétexte à diffuser des propos rassurants pour dire que le surplus de cancers n’est pas dû à la radioactivité. Alors face à ce mur de silence, comment ne pas s’inquiéter ?

PF

Légende photo ci-dessus : corium de Fukushima, réacteur n°2, détail d’une photo Tepco (février 2019)

 

 

 

 

Ça commence….

 

par Fonzy

 

Bientôt huit ans depuis la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima. La région est presque « restaurée » sauf une petite partie autour de la centrale accidentée, bien que la plupart des sinistrés n’y retournent pas. Il est normal qu’ils n’y retournent pas, car le césium est toujours là, le strontium est toujours là, et aussi le plutonium, etc… Les radionucléides, on ne les voit pas dans l’air, ni dans le sol, ni dans l’océan. Toutefois, on commence à voir leurs traces en nous, dans nos corps, sans doute. Je ne suis pas médecin, ni statisticienne, je n’ai aucune preuve scientifique, donc ce que je raconte pourrait être n’importe quoi, mais il y a quand même un peu trop de malades, un peu plus visibles qu’avant.

 

On entend presque tous les jours que tel chanteur a eu une crise cardiaque, telle actrice souffre du cancer du sein, tel homme politique est mort de la dissection aortique ; enfin, depuis quelques mois, j’entends trop souvent des peoples qui souffrent d’une maladie assez grave. Des fois, il s’agit d’une personne assez jeune, comme Rikako Ikee, 18 ans, superstar de la natation japonaise, qui vient d’annoncer qu’on lui a diagnostiqué une leucémie, ou Nosuke, 29 ans, chanteur atteint de la tumeur testiculaire germinale. Mais il y a aussi des personnes âgées comme Hitomi Kamanaka, 61 ans, cinéaste qui a réalisé de nombreux documentaires sur le nucléaire, qui a eu une hémorragie sous-arachnoïdienne, ou Enraku Sanyutei, 68 ans, conteur de rakugo, qui s’est fait opérer du cancer du poumon. Peut-être suis-je plus sensible qu’avant à ce genre de nouvelles, mais je dirais que c’est un peu trop fréquent quand même.

 

Moi, pour l’instant, ça va, sauf que j’ai attrapé un gros rhume en décembre dernier, ce qui m’a privé de voix pendant des jours. Curieusement, j’ai vu plusieurs personnes qui disaient qu’elles souffraient du même problème de la gorge presque en même temps que moi. Y avait-il du poison qui flottait dans l’air ? Ou la simple infection d’un virus ? Je ne sais pas.

 

Le 18 mars 2011, juste après l’accident de la centrale, Akio Komori, qui était alors directeur de Tepco, s’effondrait en larmes en disant que « Nous avons fait échapper la quantité mortelle de la radioactivité ». Maintenant, personne ne cite plus ce qu’a dit Komori. On dit que tout est devenu normal, tout est comme avant, mais je pense que Komori avait raison.

Akio Komori,  directeur chez Tepco, mars 2011, AP photo Kyodo

Akio Komori, directeur chez Tepco, mars 2011, AP photo Kyodo

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2 février 2019 6 02 /02 /février /2019 17:41
Prochain accident nucléaire : les radionucléides que nous mangerons et respirerons

En 2011, je m’interrogeais sur les radionucléides de Fukushima et le fait que Tepco ne communiquait que sur l’iode 131 : la réponse était qu’il fallait laisser croire qu’un accident nucléaire était un problème à court terme ; en effet, l’iode 131 ayant une demi-vie de 8 jours, on n’en verrait plus la trace au bout d’environ 80 jours. Ce qui permettait à Thierry Charles (IRSN) d’affirmer aux médias sans sourciller que les Japonais évacués allaient pouvoir revenir chez eux au bout de trois mois (Le Monde, 11 avril 2011).

 

On a facile à comprendre pourquoi l'industrie nucléaire civile et militaire ne communique pas sur l’ensemble des radionucléides : il faut laisser les masses dans l'ignorance... Pas de recherche des radioéléments, pas d’étude épidémiologique, pas de problème !

 

Dernièrement, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a demandé au gouvernement nippon « de se débarrasser de l’eau stockée à Fukushima » (Reuters, 13 novembre 2018), c'est-à-dire en rejetant le poison dans le Pacifique. Près d’un million de tonnes d’eau contaminée sur le site de la centrale de Fukushima 8 ans après le début de la catastrophe, ça fait tache ! Cette injonction de l’organisme international fait ainsi l’affaire du gouvernement de Shinzō Abe car, au niveau de la com’, les JO de 2020 doivent être nickel.

 

Et pourtant, le problème est loin d’être réglé. L’eau contaminée, dont le traitement est très difficile – on se rappelle qu’Areva s’était fait jeter par Tepco en 2014 pour incompétence en la matière – contient une infinité de radioéléments qu’on ne sait pas ou qu’on ne veut pas éliminer (comme le tritium). Seuls une soixantaine de radionucléides ont été plus ou moins bien extraits de cette soupe mortelle qui peut encore en contenir plus d’une centaine.

 

J’édite ce billet d’une part pour que personne ne reste dans l’ignorance de ce que s’apprêtent à accomplir Tepco et le gouvernement japonais, de concert avec l’AIEA, et d’autre part pour rappeler qu’un accident nucléaire grave provoque généralement un nuage radioactif composé de centaines de radionucléides. Pour la prochaine catastrophe, personne ne pourra plus ignorer non plus la longue liste de ces éléments que nous allons plus ou moins inhaler et ingérer, sous la forme de nanoparticules, selon la distance où nous serons du point de rejet. Et si la contamination est trop élevée, on change les normes : en Europe, c’est le vieux traité Euratom qui fixe à huis clos les niveaux de radioactivité autorisés dans les aliments en cas de catastrophe nucléaire.

 

J’ai retrouvé une partie de cette liste de radionucléides (Cf. illustration en haut de page) dans un rapport du CEA de 1980, « Irradiation externe pendant et après le passage d’un nuage radioactif », publié quelques mois avant un accident de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (qu’EDF avait tenu secret à l’époque). Ce rapport mentionne les 276 radionucléides qui semblent être les plus importants (sic) lors d'un rejet radioactif d'une installation nucléaire. Mais, comme le cérium 144 dont on peine à connaître l’impact sanitaire, la plupart de ces éléments ne sont pas suffisamment étudiés.

 

Bien évidemment, comme me l’a suggéré un lecteur, il faudrait retirer de cette liste les produits de fission de très courtes et courtes périodes (Cf. tableau ci-dessous) car, si les rejets se produisent plusieurs heures après l’accident comme à Fukushima, ils ont alors complètement disparu. Toutefois, les premiers liquidateurs de Tchernobyl, pompiers et employés de la centrale qui ont éteint les incendies des toits des réacteurs, ont été exposés à une grande partie du cocktail du tableau. A chaque accident sa spécificité. A noter enfin qu’en cas d’explosion atomique de nature militaire, l’ensemble des produits de fission sont aussi présents dans les retombées de court terme, notamment quand les explosions ont lieu à très basse altitude, voire au sol, comme lors des premiers tests de bombe H dans le Pacifique, d’où l’irradiation massive des équipages des 992 thoniers japonais qui pêchaient autour de Bikini.

 

Pierre Fetet

 

 

En enlevant les produits de fission de très courtes et courtes périodes, il reste encore 113 radionucléides.

En enlevant les produits de fission de très courtes et courtes périodes, il reste encore 113 radionucléides.

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Pour mémoire, les accidents et catastrophes nucléaires (niveaux 4 à 7 sur l’échelle INES)

 

1952 : Chalk River

1957 : Kychtym

1957 : Windscale

1969 : Lucens

1969 : Saint-Laurent-des-Eaux

1977 : Bohunice

1979 : Three Mile Island

1980 : Saint-Laurent-des-Eaux

1986 : Tchernobyl

1987 : Goiânia

1999 : Tokaï-Mura

2006 : Fleurus

2011 : Fukushima

? : ...

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Disparition de Ginette Martin

J’ai le regret d’annoncer aux lecteurs du blog de Fukushima le décès, le 3 décembre 2018, de Ginette Martin qui a contribué sur ce site durant 5 ans à la diffusion de l’information provenant du Japon, grâce aux traductions qu’elle faisait des textes en espéranto de Hori Yasuo. J’exprime ici ma gratitude envers cette personne généreuse et fidèle qui nous a donné, jusqu’à l’âge de ses 80 ans, l’accès à des informations variées concernant la centrale de Fukushima Daiichi et plus globalement le nucléaire au Japon . On peut retrouver ses 57 traductions en suivant ce lien :

http://www.fukushima-blog.com/tag/textes%20de%20hori%20yasuo/

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Mise à jour : 03/02/2019 (Ajout du dernier paragraphe, du deuxième tableau et de deux liens)

 

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1 décembre 2018 6 01 /12 /décembre /2018 22:16

Deux études scientifiques conduites "sur le terrain" au Japon, pourraient-elles (indirectement) plaider contre le retour forcé en zone contaminée ?

Le Mainichi les présente brièvement mais assez précisément.

Deux macaques japonais dans la ville de Fukushima, préfecture de Fukushima (photo : Fumiharu Konno, de l'équipe de recherche de Shinichi Hayama)

Deux macaques japonais dans la ville de Fukushima, préfecture de Fukushima (photo : Fumiharu Konno, de l'équipe de recherche de Shinichi Hayama)

Les macaques de Fukushima

1) 18 macaques sauvages ont été capturés qui vivaient à moins de 40 km de la centrale Daiichi, dans une zone située dans le Nord-Est de la Préfecture de Fukushima et incluant les villes de Minamisoma et Namie.
Une équipe dirigée par Manabu FUKUMOTO (professeur émérite du département de Pathologie de l'Université du Tohoku) a constaté des anomalies dans leur formule sanguine, en particulier dans les cellules de la moelle osseuse qui produisent les plaquettes, par comparaison avec d'autres singes vivant dans d'autres zones. [NDR : c'est donc une étude "cas-témoins"].
Les chercheurs ont en outre constaté une forte diminution de certains composés sanguins chez les individus "exposés quotidiennement à une irradiation interne" [les faibles doses]. Leur hypothèse, c'est que les singes ont dû ingérer "des substances contaminées au radiocésium provenant de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, par exemple l'écorce d'arbres".
L'équipe du prof. Fukumoto a produit une estimation de la dose de rayonnement en Césium présente dans les muscles des primates ; Fukumoto exprime auprès du journal :
" Il faut mener des recherches à long terme pour voir si ces anomalies auront un effet sur la santé des singes".

 

2) Au même moment, l'équipe de l'expert en zoologie de la faune Shinichi HAYAMA, Professeur à l'Université des Sciences de la Vie et des Sciences vétérinaires du Japon, a étudié les fœtus de singes en gestation.
Chaque année, de 2008 à 2016, le gouvernement municipal de Fukushima capturait des singes afin de contrôler l'évolution de la population...L'équipe de Hayama a examiné 62 fœtus capturés au moment de la crise 3.11. Leurs conclusions : par comparaison avec ceux d'avant le 11 mars 2011, ces fœtus présentent une tête plus petite et un développement de l'ensemble de leur corps, retardé. En notant que le régime alimentaire des mères n'a pas changé (avant/après 3.11) les chercheurs concluent que "l'exposition des mères singes au rayonnement a pu avoir eu un effet sur leur fœtus".
Hayama note cependant que "les singes de Fukushima ont sans doute été exposés à de fortes doses de radioactivité à un niveau sans équivalent rapporté aux humains, étant donné que les singes ont consommé des aliments contaminés et vivent près du sol, où les doses de radioactivité étaient élevées"...

 

3) Les macaques au Japon ne sont pas étudiés, à l'inverse d'autres animaux ou plantes, dans l'enquête en cours du Ministère de l'Environnement, pour l'observation des effets de la radioactivité suite à la catastrophe nucléaire ; or, 5 associations universitaires viennent de demander qu'ils soient inclus dans cette enquête, au nombre desquelles la Primate Society of Japan, (PSJ) dont le président, Masayuki Nakamichi, affirme auprès du Mainichi :

"Il est absolument crucial, et pour le reste du monde aussi, de mener des recherches sur les effets à long terme de l'exposition à la radioactivité des macaques japonais".

 

D’après THE MAINICHI, 25/11/2018 - Effects of suspected radiation exposure seen in Fukushima wild monkeys: researchers

 

 

_______________________________

En savoir plus…

 

Etudes sur les singes

Haematological analysis of Japanese macaques (Macaca fuscata) in the area affected by the Fukushima Daiichi Nuclear Power Plant accident

Small head size and delayed body weight growth in wild Japanese monkey fetuses after the Fukushima Daiichi nuclear disaster

 

Article du blog de Fukushima

Fukushima : conséquences de la radioactivité sur la faune

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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 21:19

Articles de HORI Yasuo traduits de l'espéranto par Robert MOLIMARD et Ginette MARTIN.

 

Sommaire

1 - "Le point sur les centrales nucléaires du Japon", rédigé le 26 juillet 2018

2 - "Le grand danger de la centrale nucléaire de Tomari", rédigé le 23 septembre 2018

3 - "On prévoit un grand séisme", extrait de l’article du 25 juillet 2018 « Le Japon se meurt »

4 - "Energie", extrait de l’article du 5 juillet 2018 « Relations entre le Japon et la Mongolie »

 

1. Le point sur les centrales nucléaires du Japon

 

Sept ans ont passé depuis que quatre réacteurs nucléaires ont été sérieusement endommagés à Fukushima. Maintenant, qu'en est-il des centrales nucléaires japonaises ?

 

TEPCO a décidé de démanteler les 10 réacteurs nucléaires de Fukushima

 

En 2011, avant l'accident, il y avait 10 réacteurs nucléaires à Fukushima, à savoir six dans la centrale nucléaire n°1 [daiichi] et quatre dans la centrale n°2 [daini] (Photo ci-dessous).

Centrale nucléaire de Fukushima Daini

Centrale nucléaire de Fukushima Daini

Parmi ceux-ci, quatre dans la centrale n°1 étaient endommagés et sont maintenant en cours de démantèlement. TEPCO a déjà décidé de réformer les deux autres de la centrale n°1, mais concernant les quatre réacteurs de la centrale n°2, la compagnie, qui continuait à ne pas dévoiler son intention, disant que c'était de la responsabilité du gouvernement, a finalement publié le 14 juin qu'elle les réformerait tous les quatre. Ces 10 réacteurs seront démantelés, pour la joie des habitants de Fukushima, et Fukushima deviendra un département dénucléarisé. Félicitations à eux, et à nous !

 Pour démanteler les six réacteurs de la centrale n°1, il faudra à TEPCO 280 milliards de yens (2,2 milliards d’euros) et 30 à 40 ans. En remplacement, elle a l'intention de remettre en fonction sept réacteurs nucléaires de la centrale nucléaire de Kashiuazaki-Kariua dans le département de Niigata, à l'arrêt depuis le tremblement de terre de Niigata en 2007.

*Ma conclusion : Il semble que TEPCO ait perdu la partie contre les habitants de Fukushima, mais ne cesse d'intriguer pour renverser la situation dans d'autres départements.

 

 

La centrale nucléaire n° 2 de Tookai

 

L'Autorité de Régulation Nucléaire a approuvé la réparation convenable de la centrale nucléaire n°2 de Tookai du département d'Ibaraki (un réacteur). Cette centrale est située dans la métropole et 960 000 personnes habitent dans un rayon de 30 km autour d'elle. Le plan de secours est insuffisant, mais l'Autorité n'est pas responsable des refuges, seulement d'examiner l'adéquation du réacteur aux règles.

Centrale nucléaire de Tookai

Centrale nucléaire de Tookai

Ce réacteur a commencé à fonctionner en 1976, il est donc un réacteur caduc de plus de 40 ans. Car selon la loi, on ne peut utiliser un réacteur plus de 40 ans, mais l'Autorité a déjà approuvé sept réacteurs comme convenablement réparés pour pouvoir fonctionner, et les compagnies d'électricité préparent joyeusement leur remise en route.

*Ma conclusion : Les puissants essaient toujours de trouver une voie détournée.

 

 

TEPCO a refusé un accord avec les habitants de Namie

 

15000 habitants de la ville de Namie dans le département de Fukushima, qui ont dû trouver refuge à cause de l'accident nucléaire, ont demandé une compensation monétaire supplémentaire à TEPCO, au Centre pour la solution des conflits liés à l'accident nucléaire, mais celui-ci a refusé la demande. Pendant ces 5 années, 850 d'entre eux sont morts. Le maire M. Baba Tamotsu a dit en colère que TEPCO n'avait absolument aucun sentiment de faute dans l'accident.

*Ma conclusion : TEPCO semble demander pardon, mais en réalité son seul but est de survivre, même en piétinant ceux qui souffrent.

 

 

Travailleurs étrangers dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima

 

10 000 personnes travaillent chaque jour à la centrale nucléaire n°1. C'est donc 3 650 000 journées de travailleurs dont a besoin TEPCO chaque année. Il lui faudra 40 ans pour terminer le démantèlement de ces réacteurs, donc 146 millions de journées de travail humain. Est-ce qu'elle pourra embaucher autant de personnes ? Aura-t-elle suffisamment d'argent pour cela ? Je crains que non, mais TEPCO est très optimiste.

 

L'économie japonaise est actuellement prospère, mais le problème est le manque de force de travail. Le Japon se ratatine, avec énormément de vieux et peu de jeunes et d'enfants. Pour cela, le gouvernement invite de jeunes étrangers d'Asie comme "stagiaires". Ils travaillent dans des compagnies japonaises et "s'entrainent" pour que, retournant dans leur pays, ils utilisent les techniques et les capacités acquises. En fait, beaucoup de compagnies les utilisent comme une main d'œuvre bon marché. On a découvert en mai que six "stagiaires" vietnamiens travaillaient dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima alors que TEPCO avait décidé de ne pas embaucher d'étrangers. Ces six vietnamiens n'étaient pas directement embauchés par TEPCO, mais par un sous-traitant. Le président de cette compagnie a déclaré : "Je connaissais cette décision de TEPCO, mais les compagnies de construction n'existeraient pas sans travailleurs étrangers". Il n'y a pas de réacteur nucléaire au Vietnam, donc même si ces six ont acquis une expertise de travail à Fukushima, ils ne pourront l'utiliser nulle part dans leur pays.

Le point sur les centrales nucléaires du Japon et autres nouvelles

 Le travail dans une centrale nucléaire est dangereux, c'est pourquoi de moins en moins de Japonais veulent y travailler. Je suppose que beaucoup d'étrangers travaillent clandestinement dans les centrales nucléaires de tout le Japon. J'ai peur qu'un jour, sous peu, TEPCO finisse par rejeter sa responsabilité de démanteler ces réacteurs en raison d'un manque de personnel et d'argent.

 

*Ma conclusion 1 : Les pauvres sont toujours les victimes des riches et des puissants.

*Ma conclusion 2 : Le gouvernement et les grandes compagnies comme TEPCO n'ont pas de vision du futur du Japon.

 

 

2. Le grand danger de la centrale nucléaire de Tomari

 

Un grand tremblement de terre est survenu

 

Le 9 septembre à 3h08, un grand séisme s'est produit dans le sud d'Hokkaido.

Les tremblements de terre sont fréquents au Japon.

 Le gouvernement et les experts sismologues recherchent où se trouvent les failles actives et en font la carte, mais ce séisme ne s'est pas produit au niveau des failles connues, mais de fissures inconnues. Cela signifie qu'il y en a beaucoup dans les îles japonaises, et que partout pourront survenir de grands tremblements de terre.

J'ai vu les dégâts à la télévision, et ai été très surpris par le nombre incroyable de glissements de terrain causés par le séisme. Toute la montagne a été quasiment écorchée par des ongles gigantesques (photo ci-dessous). Une cendre volcanique, qui recouvrait la montagne, a glissé à cause des énormes secousses, tuant environ 40 personnes et détruisant leurs maisons.

Glissements de terrain en de nombreux endroits

Glissements de terrain en de nombreux endroits

Ce n'est pas seulement le problème d'Hokkaido, car le Japon est une île volcanique, et la nature du terrain est la même partout.

Une autre surprise fut la formation de boue liquide dans la capitale Sapporo à 50 km de l'épicentre. Là, à cause de la résurgence des eaux souterraines, les rues s'y engloutirent et les maisons s'inclinèrent.

Le séisme a provoqué un autre grave problème, la panne de trois générateurs hydroélectriques de la compagnie d'électricité Hokkaido (en abrégé Hokuden) dans la ville d'Atsuma, sous laquelle il se produisit.  Cette centrale fournit la moitié des besoins d'Hokkaido en électricité. La panne a retenti sur d'autres petits générateurs, si bien que toutes les centrales d'Hokuden s'arrêtèrent. Dans la vie moderne, les gens ne peuvent vivre sans électricité. Les usines ne peuvent fonctionner, les éleveurs ne peuvent traire les vaches, et les vaches meurent d'affection mammaire, les hôpitaux ne peuvent soigner les malades, en fait toutes les fonctions se sont arrêtées et l'économie en souffre beaucoup. Même maintenant la fourniture de courant ne suffit pas et est instable, et les habitants vivent dans l'inquiétude.

La centrale nucléaire de Tomari, qui appartient à Hokuden, a aussi souffert, ayant perdu la totalité de l'apport électrique extérieur, devenant dépendante de celui qu'elle produit. Heureusement, ses réacteurs ne fonctionnaient alors pas pour cause de contrôle. S'ils avaient fonctionné, cela aurait provoqué de nouveau une grande catastrophe nucléaire.

La centrale nucléaire de Tomari

 

Cette centrale contient trois réacteurs nucléaires.

 

 

Système

Démarrage

Production

État actuel

N°1

PWA

22/5/1989

579 MW

En contrôle

N°2

PWA

12/4/1991

579 MW

En contrôle

N°3

PWA

22/12/2009

912 MW

En contrôle

*PWA : réacteur à eau pressurisée (REP). Tous les réacteurs nucléaires de Fukushima sont des réacteurs d'une autre espèce, à eau bouillante.

Centrale nucléaire de Tomari

Centrale nucléaire de Tomari

Mon amie plaidera au tribunal

Des actions de protestation se manifestent au Japon contre toutes les centrales nucléaires. À Hokkaido également existe un mouvement contre la centrale nucléaire de Tomari, et l'on accuse Hokuden, exigeant l'abandon de cette centrale. Mon amie, Mme Higushi Minako, qui a agi dès le début contre cette centrale, plaidera le 9 octobre devant le tribunal d'Hokkaido. Elle m'en a informé et m'a envoyé le texte de sa plaidoirie.  Elle se présente ainsi :

 

Je m'appelle Higushi Minako. J'ai été responsable de l'information de la "Société agissant pour l'abandon de la centrale de Tomari", de juin 2011 à juin de cette année.

Quand nous avons décidé de porter cette affaire devant le tribunal, nous n'avions pas suffisamment de collaborateurs, donc avec deux autres nous avons travaillé à ce sujet par téléphone et messages par internet.  Quand nous avons réussi à réunir 612 plaignants, j'étais très heureuse.  Maintenant, nous en avons 1233.

Je n'oublierai jamais la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Même sur le lointain Hokkaido sont tombés des produits nucléaires.  Quelques jours après l'accident j'ai mis au monde mon premier bébé. Pour nous protéger, avec quel soin j'ai choisi la nourriture !  Pour diffuser l'information sur le danger de l'accident nucléaire, j'ai commencé à éditer un petit document "Ginga Tsuushin" (Information Galaxie), et c'est cette année son 30e anniversaire.

Je ne suis pas experte pour parler en public, mais comme une de ceux qui ont cette fois fait l'expérience d'une vie sans électricité, tout à fait sans lumière, je parlerai sur le thème "Le tremblement de terre actuel à Hokkaido a rendu plus clair le danger de la centrale nucléaire de Tomari". Tous pourront assister au jugement. J'attends votre présence.

 

Texte de sa plaidoirie au tribunal

 

Le séisme de cette fois-ci à Hokkaido a rendu plus évident le danger de la Centrale nucléaire de Tomari.

Accusatrice:  Higuchi Minako

 

Le 6 septembre au petit matin a eu lieu dans le district oriental d’Iburi un tremblement de terre d’une intensité sismique de 7 (magnitude 6,7), et la compagnie électrique d'Hokkaido (Hokuden) n'a pas pu livrer d'électricité dans la totalité de l'île. Je vis dans la ville d'Ebetsu, à 60 kilomètres de l'épicentre d'Atsuma, mais je n'ai pas eu d'électricité chez moi pendant deux jours. Le trafic était arrêté. Les magasins étaient fermés. Nous ne pouvions pas acheter de nourriture. L'information ne venait que par une radio qui fonctionnait à peine avec une batterie. Pour la première fois, j'ai été terrifiée par des rues complètement obscures et sans panneaux de signalisation. Cette fois, je ne parlerai que de ce que j'ai remarqué lors de ces nuits sombres.

 

   En raison du séisme, les générateurs hydroélectriques de Hokuden, nº 2 (600 MW) et n°4 (700 MW) ont  cessé de fonctionner à cause de dommages subis dans les canalisations transportant de la vapeur à très haute température. Et au bout de 17 minutes, le générateur n° 1 (350 MW) a cessé de fonctionner. À cause de cela, la moitié de l'électricité nécessaire à Hokkaido a été perdue, ainsi que l'équilibre entre les autres générateurs, si bien qu'il y a eu une panne complète d'électricité sur toute l'île d'Hokkaido.
    * Le générateur n° 3 avait été précédemment mis au rebut.

  Les réacteurs nucléaires, alors inactivés, de la centrale nucléaire de Tomari ont été privés d’électricité extérieure pendant 19 heures et demie. Pendant ce temps, des générateurs d’urgence ont fonctionné et refroidi des combustibles nucléaires dans les piscines. Si ces générateurs avaient échoué, ces combustibles auraient pu atteindre un état critique.

 

Au cours de ce séisme, l'intensité sismique à Tomari était seulement de 2. Hokuden avait peut-être anticipé un séisme éventuel important qui pourrait priver de  l'électricité extérieure, mais il n'avait pas prévu qu'à cause d'un tremblement de terre au loin, on devrait manquer d'électricité dans toute l'île, ni que la centrale allait manquer d'électricité pendant de longues d'heures. Hokuden a plaidé devant ce tribunal que la compagnie prend toujours et avait pris tous les moyens de secours contre tous les dangers pour conserver les réacteurs, mais il n'avait pas prévu que l'énergie électrique aurait si facilement été en panne.

 

Si les réacteurs nucléaires avaient été en fonctionnement, que se serait-il passé ? Le refroidissement des combustibles usagés dans les piscines et celui des réacteurs en fonctionnement ne sont pas la même chose. Il y a sept ans, en raison du grand tsunami à Fukushima, quatre réacteurs avaient perdu les  sources d'électricité et s'étaient ensuite détruits, dispersant des poussières nucléaires dans l'est du Japon. Les gens de Fukushima ont perdu leur vie tranquille. Ont-ils retrouvé une vie calme ? L'accident n'est pas encore terminé. Ayant subi l'expérience d'une vie sans électricité, je suis convaincue que nous ne pouvons pas vivre en toute sécurité et tranquillité avec les centrales nucléaires.

 

La deuxième chose sérieuse lors de ce désastre sismique est qu'il s'est écoulé 17 minutes entre les défaillances des deuxième et quatrième générateurs et celle du premier générateur. De nombreux chercheurs ont mentionné que la compagnie Hokuden aurait  pu éviter la panne totale, si elle avait  équilibré l’offre et la demande d’électricité, en désactivant les générateurs à d’autres endroits. La compagnie n'était pas prête du tout pour des situations d'urgence. Elle n'est pas capable de sécuriser les centrales nucléaires. C'est devenu clair pour tous, à la lumière du séisme actuel.

 

La troisième chose majeure est que le séisme actuel a eu lieu dans un endroit imprévu. Il a eu lieu à 37 kilomètres de profondeur et provoqué d’immenses éboulements. Dans la mer à côté de la centrale nucléaire de Tomari, il y a une faille similaire à celle de la ville d'Atsuma. Si un tremblement de terre se produisait à côté de Tomari, celui-ci atteindrait la centrale nucléaire, ce qui causerait de grands dégâts, brisant des canalisations par suite de secousses verticales.

 

Enfin, je vais lire une partie de mon essai, qui est paru dans le livre "Lettres à Hokuden" il y a 29 ans.
"S'il y a un accident nucléaire à Tomari, les premières victimes seront les enfants. Un tel accident va souiller la mer, l'air et le sol, et la radioactivité s'accumulera dans leurs corps à cause des aliments pollués.

 

Un jour, j'ai visité le village de Tomari. Il y avait une très belle côte. Pourquoi a-t-on construit la centrale nucléaire là-bas ? Je me suis souvenu du golfe de Shiranui dans le département de Kumamoto. La mer était magnifique et fertile. Dans cette mer, l'usine d'azote a rejeté du mercure toxique. Ce n'est pas visible, ni perceptible à l'odeur, ni radioactif, donc les résidents, inconscients du danger, mangeaient des poissons pollués et ont souffert d'une maladie appelée «maladie de Minamata». Même les bébés sont nés malades. ... Vous devez mettre au rebut la centrale nucléaire de Tomari, si vous aimez votre famille".

Si la centrale nucléaire avait été en service au moment du séisme, il aurait pu se produire un grand accident. Je demande que la centrale nucléaire dangereuse de Tomari soit immédiatement mise au rebut. J'espère que le juge prononcera un verdict juste.
(Fin de la plaidoirie)

 

Quand j'ai appris que l'électricité extérieure était en panne, j'ai eu très peur. La centrale nucléaire a certainement son propre générateur pour produire de l’électricité, mais l’essence ou le pétrole lourd sont nécessaires. Est-ce que Hokuden a suffisamment de réserves ? Combien de jours pourra-t-il produire de l'électricité?

 

Et une autre crainte est que les tremblements de terre puissent casser des canalisations dans la centrale. Les réacteurs nucléaires sont reliés par une grande quantité de gros et de petits tuyaux. Si ceux-ci sont cassés, il y aura un désastre. Voir la photo plus bas. Après de grands séismes, il y a souvent de grosses fentes sur le sol. Si une telle craquelure se produit sous la centrale nucléaire, les réacteurs nucléaires ne pourront pas résister. Et ce malheur nous l'avons déjà connu à la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa dans le département de Niigata en juillet 2007.

 

Tout le monde craint un éventuel accident nucléaire, mais le gouvernement et le monde industriel continuent  d'essayer de remettre en route tous les réacteurs nucléaires. Lorsque de grands tremblements de terre se produisent, la première question dans la tête de nombreuses personnes est la suivante: « La centrale nucléaire n’a-t-elle pas été endommagée ? » Nous ne voulons plus vivre avec cette peur.

 

 

 

 

Faille dans une rizière causée par le tremblement de terre à Kumamoto en 2016.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Terrain détruit dans la centrale nucléaire de Kashiwaki-Kariwa à Niigata à la suite du tremblement de terre de 2007. TEPCO le répare et tente de remettre en route cette centrale endommagée.

 

3. On prévoit un grand séisme

Extrait de l’article du 25 juillet 2018 « Le Japon se meurt »

 

Le comité gouvernemental sur les tremblements de terre a publié le 26 juin une carte de probabilités de séismes. Selon le comité, leur probabilité augmentera, avec une force supérieure à 9 dans les 30 prochaines années.  Elle sera de 85% autour de la ville de Shiba, de 85% autour de Mito et de 82 % autour de Yokohama. Il est cependant étrange qu'elle ne soit que de 42% autour de Tokyo, parce que le bureau municipal est situé par hasard sur une terrasse solide. Si ce grand séisme se produit dans les deux ans, il ne s'agira pas seulement des olympiades, mais aussi de la disparition du Japon, car Tokyo sera à grande échelle détruit.

Le point sur les centrales nucléaires du Japon et autres nouvelles

4. Energie

Extrait de l’article du 5 juillet 2018 « Relations entre le Japon et la Mongolie »

 

Immédiatement après l'accident nucléaire de Fukushima en 2011, un article parut dans le journal Mainichi, selon lequel le gouvernement japonais envisageait de conserver en Mongolie des déchets radioactifs. Le gouvernement japonais essaie actuellement de faire fonctionner le plus possible de réacteurs nucléaires, mais toutes les centrales nucléaires sont presque pleines de déchets, et s'il n'a pas de lieux de stockage, elles ne pourront continuer à fonctionner, pourtant il n'y a nulle part au Japon de lieu adéquat pour accueillir ces déchets. La Mongolie convient tout à fait pour ces stockages, car elle est 4 fois plus grande que le Japon, et elle n'a que trois millions d'habitants. Le pays est largement désert, et il se pourrait qu'il y existe des lieux qui conviennent au stockage.

Le gouvernement a immédiatement fait savoir que telle n'était pas son intention, mais tant que se posera le problème des déchets, il explorera certainement secrètement la possibilité de stockage en Mongolie. Les déchets produits au Japon devront-ils aller dans un autre pays ! ? Une idée très honteuse ! Si le Japon ne peut résoudre ce problème chez lui, qu'il cesse de faire fonctionner toutes les centrales nucléaires !

Deux jours avant mon départ pour la Mongolie, j'ai regardé à la télévision un programme sur un projet d'énergie solaire en Mongolie. Une compagnie japonaise a commencé à y construire des centrales solaires, et cela pourra couvrir toute l'énergie électrique utilisée dans toute l'Asie orientale en Mongolie. C'est un excellent projet. Pour cela, la Chine, la Corée, le Japon et d'autres pays devront vivre ensemble et collaborer, s'interconnectant par leur système électrique. De plus, il n'y aura alors plus besoin d'énergie nucléaire. La Mongolie pourra jouer un rôle important de centre énergétique dans toute l'Asie.

 

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24 août 2018 5 24 /08 /août /2018 23:17

Voici la version française du dernier article d’Akio Matsumura, ancien diplomate japonais auteur du blog Finding the Missing Link.

Article paru sous le titre original « California’s Wildfires and Nuclear Radiation – A Personal Story » le 7 août 2018.

Traduction française : Odile Girard (Fukushima-is-still-news)

Légende illustration : Incendies en Californie dans les environs de Los Angeles. Situation observée le 5 décembre 2017 par le satellite Terra. Crédit image : NASA / GSFC / Rapid Response

 

« Chers amis francophones,

J’espère que mon mail vous trouvera en bonne santé physique et morale.

Quand le gouvernement japonais a annoncé l’an dernier qu’il faudrait au moins quarante ans pour retirer les cœurs irradiés des trois réacteurs dévastés de Fukushima, je me suis penché sur les dangers que pouvaient représenter quarante ans de vent radioactif et d’eau contaminée en provenance de Fukushima pour la vie marine et la population nord-américaine.

Quand on demande à des vulcanologues et des sismologues japonais quelle est la probabilité d’une éruption du Mont Fuji et d’un puissant séisme à Tokyo dans les quarante prochaines années, ils répondent que c’est presque une certitude. Ainsi, malgré les dommages majeurs que cette catastrophe infligerait à la vie humaine, l’environnement et l’économie, les gens préfèrent ne pas y penser parce qu’ils ne peuvent pas se projeter si longtemps à l’avance. Et cela n’est que quarante ans. Les radiations restent dangereuses pendant des milliers d’années. Comment pouvons-nous apprendre à relier des périodes aussi lointaines à notre durée de vie d’humains ?

Je suis heureux de vous présenter “Les incendies en Californie et les radiations nucléaires,” un article de Gregg Lien, avocat à Lake Tahoe, en Californie, spécialisé dans les questions d’environnement et d’utilisation des terres. Je voudrais, pour aller plus loin, présenter l’opinion d’observateurs et d’experts de secteurs variés sur 40 ans d’accumulation de radiations en provenance de Fukushima. J’aimerais entendre leurs suggestions pour savoir quelles mesures prendre dès aujourd’hui pour réduire le fardeau des générations futures.

Avec l’assurance de ma considération,

Akio


 

Les incendies en Californie et les radiations nucléaires

Une histoire personnelle

 

Gregg Lien

 

Gregg Lien est avocat en Californie. Il est spécialisé dans les questions environnementales.

En achetant un détecteur de radiation facilement trouvable dans le commerce juste après la catastrophe de Fukushima en 2011, je n’aurais jamais imaginé quel impact il finirait par avoir sur ma façon de voir le monde. J’ai alors commencé à vérifier régulièrement le niveau de radioactivité autour de chez moi dans les montagnes de la Sierra Nevada en Californie. Les mesures restaient ordinaires et se rangeaient en général entre 30 et 50 coups par minute (cpm). Tout allait bien, c’est du moins ce que je pensais.

Mais au printemps tout a changé, quand je me suis rappelé par hasard que le fait d’utiliser le détecteur sur un filtre à air pouvait détecter la présence de particules “chaudes”. Comme j’avais deux purificateurs d’air avec un filtre HEPA, j’ai pris mon détecteur et je l’ai posé sur l’un des filtres HEPA. Aussitôt le détecteur s’est déchaîné et s’est mis à cliquer tandis que la lumière rouge clignotait à chaque fois qu’il était bombardé par une radiation ionisante. Pensant qu’il y avait quelque chose qui clochait, j’ai essayé à nouveau et j’ai obtenu le même résultat. J’ai essayé ensuite sur l’autre purificateur d’air et j’ai trouvé un résulté encore plus élevé, plus de 800 cpm.

Cela faisait alors à peu près un an que je travaillais avec Akio et il m’avait présenté plusieurs de ses experts en nucléaire par mail. Je les ai donc contactés en leur demandant ce qui pouvait bien provoquer des résultats aussi perturbants. Tous ont admis que c’était des résultats élevés et que le principal suspect était le radon. Le radon est un gaz courant dans cette région et peut être dangereux pour la santé. Je me suis empressé d’acheter des kits pour tester l’air intérieur de la maison et l’eau du puits, je les ai envoyés à analyser et en une semaine j’avais les résultats, tous entièrement négatifs. À ce moment-là, inquiet pour la santé de ma famille, j’ai commencé à tester tout ce que je pouvais trouver pour déterminer la source du problème. Le carrelage, les plans de travail et quelques autres matériaux montraient des résultats supérieurs au niveau ambiant, mais on m’a assuré que cela ne pouvait pas représenter plus de 30 cpm sur le total.

Arès une semaine ou deux, je me suis souvenu que bien des années après la catastrophe de Tchernobyl, les gens qui vivaient là-bas et chauffaient leur maison au bois, comme nous le faisons, émettaient de nouvelles radiations dans l’atmosphère au cours du processus de combustion. Nous avons deux poêles à bois chez nous, un grand dans le salon et un plus petit dans la chambre parentale. Craignant que les particules fines des cendres n’endommagent mon détecteur, j’ai mis des feuilles d’essuie-tout sur la cendre sous le poêle de la chambre et j’ai mis le détecteur en route. Il a immédiatement enregistré des mesures nettement plus élevées que les niveaux ambiants. Même chose dans le salon. Même chose chez un voisin. La source était apparemment le bois de chauffage, coupé principalement sur mes propres terres. La plupart de mes voisins chauffent également au bois, au moins en chauffage d’appoint. La fumée émanant du bois, j’en était tout à fait conscient, est composée de particules extrêmement petites qui peuvent être facilement inhalées et absorbées par l’organisme.

Les implications de cette découverte étaient inquiétantes : l’air que nous respirions contenait des particules radioactives, et ce dans des quantités importantes. Ces particules s’étaient, depuis des années, apparemment bioaccumulées dans les bois entourant ma maison et, en brûlant, se remettaient en suspension.

J’ai aussitôt commencé à surveiller mon air intérieur régulièrement et j’ai vérifié les filtres HEPA aussi souvent que possible, en général toutes les heures quand j’étais à la maison. Comme le niveau de radiation était bien moins élevé quand il n’y avait pas de fumée de bois à l’intérieur, j’ai décidé de mettre un des filtres à air dehors et de laisser l’autre à l’intérieur. J’ai sorti un bloc-notes tout neuf et j’ai commencé un protocole selon lequel j’allais lire le résultat sur chaque filtre, prendre une photo du résultat inscrit sur mon détecteur de radiation avec mon smartphone, et écrire les résultats. Il est rapidement apparu qu’il n’y avait pas grande différence entre les relevés intérieurs et extérieurs.

Ce que je ne savais pas à ce moment-là, c’est s’il s’agissait d’un problème localisé ou si le problème était plus répandu. À l’approche de la saison des incendies, j’ai abandonné l’histoire des deux relevés et je me suis concentré sur les relevés extérieurs, en les enregistrant et en prenant une photo du ciel quand il y avait de la fumée ou des nuages. Sachant que des incendies risquaient de se produire dans les mois à venir, je voulais être capable de voir si la fumée émanant des incendies entraînerait les mêmes niveaux de particules radioactives que ceux que j’avais trouvés à l’intérieur de la maison.

Je n’aurais jamais pu soupçonner que les feux de forêt en Californie prendraient l’ampleur qu’ils ont prise cette année. Nous vivons dans une région vulnérable aux incendies et nous prenons la chose très au sérieux. En 2014, nous avions été évacués après qu’un incendie encouragé par des vents violents s’était approché à moins de 800 mètres de chez nous et nous n’avions dû notre salut qu’à l’attaque aérienne massive de quasiment toute une flotte d’avions-citernes lâchant de l’eau et des produits ignifugeants. Nous en sommes restés très marqués. Mon beau-fils est depuis devenu pompier et vient juste de rentrer après avoir été déployé sur plusieurs incendies ; il retournera sur le front, une fois qu’il aura soigné sa blessure et obtenu le feu vert de son médecin.

Le nombre de propriétés détruites et de victimes illustre toute l’horreur des incendies de cette année. Mais ce qui me perturbe le plus, c’est ce que j’ai enregistré dans mes journaux de bord, les photos et les mesures que j’ai prises. Au plus fort des incendies et de la fumée il y a quelques jours, les mesures étaient nettement plus élevées, et pas juste un peu. Le matin du 31 juillet, j’ai enregistré un pic de 1 333 cpm et durant cette période, j’ai obtenu de multiples résultats de plus de 1 000 cpm. Et pourtant cette fois-ci, aucun des incendies n’est vraiment à proximité. La source probable d’une majeure partie de la fumée par ici provient d’un incendie proche du parc national de Yosemite, à plus de 150 km de distance. Je soupçonne que si la fumée était plus concentrée, les relevés seraient encore plus élevés.

La vaste majorité de la population californienne a-t-elle donc été exposée sans le savoir à de fortes concentrations de particules radioactives ? Quels sont les constituants de ces particules ? Quel est leur degré de dangerosité ? On a pu lire récemment que les radiations de Fukushima, sous forme de césium 137, avaient été détectées en petite quantité dans des vins de Californie. Il y a fort à parier que le césium 137 émis par la centrale de Fukushima a également été absorbé par toute la végétation locale et que quand celle-ci brûle, le césium est libéré à nouveau dans l’atmosphère.

Cette situation exige de toute urgence qu’on se penche dessus sérieusement. Je n’ai aucune expérience ni aucune compétence académique sur le sujet. Il se peut qu’il y ait d’autres explications. Je constate d’après mes enregistrements des nuances et des variations au cours de la journée qui reflètent probablement des processus complexes. Tout ce que je sais, c’est que l’air que nous respirons semble être contaminé par des particules radioactives. On est en droit de supposer que cette radioactivité s’est concentrée en silence dans les plantes qui nous entourent et qu’elle se retrouve aussi, on peut le présumer, dans la nourriture que nous mangeons et l’eau que nous buvons.

Si c’est le cas, nous sommes dans une situation bien pire que ce qu’on nous a toujours dit. Il s’agit très probablement d’un problème mondial : les particules exotiques et non-naturelles qui n’avaient jamais existé sur cette planète avant le début de l’ère nucléaire, ont aujourd’hui pénétré dans l’air, les océans et tous les êtres vivants. La Californie est en train de brûler et j’espère que tous nous allons être capable de brûler notre autosatisfaction et de ranimer notre propre passion pour servir la vie à chaque instant. Nous pouvons tous faire quelque chose selon nos capacités, comme Akio le fait généreusement depuis de longues années en se servant de ses talents pour rassembler des leaders internationaux autour de grands objectifs communs. Le temps presse et le problème se mesure en durée de vie. Il est possible que pour certains d’entre nous il s’agisse même d’une durée de vie réduite.

 

_______________

Gregg Lien est un avocat spécialiste du droit de l’environnement et de l’utilisation des terres dont le cabinet est à Lake Tahoe en California. Il a été procureur et conseiller juridique au conseil du comté dans les questions foncières, avant d’aller vivre à Lake Tahoe en 1980. Il a participé au premier Sommet présidentiel sur l’environnement organisé par le Président de l’époque, Bill Clinton, et le vice-président Al Gore. Il a été interviewé par de nombreux médias au fil des ans, notamment la radio publique nationale. Il a participé fréquemment aux négociations et aux batailles réglementaires sur les ressources dans les Sierras. Il vit avec sa femme, Heidi, et ceux de ses enfants qui ont besoin d’un toit, maintenant que le plus jeune a passé 18 ans. Il est fasciné par l’électronique et possède une collection de compteurs et de gadgets pour ses passe-temps préférés, la radio amateur et la musique, dont certains lui servent réellement dans la pratique. C’est du moins ce qu’il dit.

 

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26 avril 2018 4 26 /04 /avril /2018 00:23

Il y a tout juste 32 ans, se produisait l’accident nucléaire de Tchernobyl. A l’occasion de cet anniversaire, j‘édite une collection d’articles qu’on a pu lire au jour le jour dans la presse régionale de l’Est de la France. J’avais à l’époque conservé tous les articles paraissant sur la catastrophe dans deux journaux régionaux, La Liberté de l’Est, aujourd’hui disparu, et L’Est Républicain.

L’accident s’est produit le 26 avril 1986. Les informations n’ont commencé à émerger qu’à partir du 29 avril. Mais même si peu d’infos arrivaient, paradoxalement, les « experts européens » qui avaient analysé le nuage radioactif qui arrivait sur l’Europe avaient mieux communiqué publiquement la situation qu’en 2011 pour Fukushima car dès le 30 avril 1986, soit quatre jours après l’explosion, La Liberté de l’Est annonçait : « L’accident survenu à la centrale nucléaire soviétique de Tchernobyl près de Kiev (Ukraine), est bien dû à la fonte du cœur du réacteur (…) ». En 2011, il a fallu attendre 74 jours – oui vous avez bien lu –  pour que Tepco avoue que trois cœurs avaient fondu, et c’est seulement après cette date que les « experts européens » ont reconnu la fusion des cœurs. Pourtant ceux-ci avaient accès aux informations via le réseau international d’analyse des composants nucléaires de l’atmosphère et donc connaissaient la gravité de l’accident. Cependant, ils n’ont rien dit.

Je vous laisse apprécier les différents titres qui se succédèrent dans les 3 premières semaines, du 26 avril au 17 mai 1986, en particulier ceux de L’Est Républicain du 3 mai : « France : aucune mesure sanitaire n’est nécessaire » et du 6 mai 1986 : « Tchernobyl, c’est fini ». La Liberté de l’Est, quant à elle, ne publia rien sur la catastrophe le 6 mai !

Aujourd’hui, un accident nucléaire serait-il plus difficile à cacher ? On le voit avec la pollution au ruthénium 106 de l’automne dernier, le village nucléaire mondial a toujours du mal à communiquer et on ne sait toujours pas officiellement, 6 mois plus tard, ce qui s’est passé !

Pierre Fetet

Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
Il y a 32 ans : Tchernobyl
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11 mars 2018 7 11 /03 /mars /2018 21:25
(Image satellite mars 2011)

Si vous voulez aller vers des choses positives, je vous y encourage. Cultivez vos passions, mangez sainement, évitez les personnes toxiques, soyez optimistes, profitez des petits bonheurs de chaque jour, faites-vous plaisir. Mais si vous n’êtes pas en forme en ce moment, ne lisez pas cet article, ne fréquentez pas ce blog, car il donne la vérité toute crue sur Fukushima et le nucléaire en général, des choses dont on entend peu parler malgré leur gravité. En créant ce blog il y a sept ans, je ne visais pas autre chose que de présenter des infos qui ont du mal à circuler. Car elles dérangent, elles ne vont pas dans le sens que l’on aimerait, elles font mal, elles interrogent, elles remettent en question des connaissances que l’on croyait acquises. Car le nucléaire, qui a été présenté à l’origine comme la solution à tous les problèmes de la terre, est un enfer. Un enfer pour les populations civiles qui ont subi le feu nucléaire en 1945, un enfer pour les gens contaminés dans et autour des mines d’uranium, un enfer pour les populations malades sur d’immenses territoires suite aux essais atmosphériques et aux catastrophes nucléaires, sans que l’OMS ne s’en occupe, un enfer pour les gens qui ont des cancers à cause du fait qu'ils vivent près d’une centrale nucléaire prétendument propre, un enfer pour les milliers de travailleurs de Tepco qui « gèrent » au mieux les ruines de la centrale de Fukushima Daiichi, un enfer pour les réfugiés nucléaires que le gouvernement japonais incite à revenir vivre dans des territoires contaminés.

Voilà sept ans que la catastrophe de Fukushima a eu lieu, sept ans de malheurs que les auteurs de ce blog vous ont contés. Et pourtant, la catastrophe ne fait que commencer. Car la pollution nucléaire se compte en centaines, en milliers, en millions d’années selon les radionucléides. Il faudra faire avec désormais. C’est pourquoi, si l’on veut penser un tant soit peu aux générations futures, il est important de sortir du nucléaire pour arrêter de produire des déchets dont on ne sait que faire et surtout, avant qu’une nouvelle catastrophe, possiblement fatale pour l’avenir de l’humanité, ne se produise.

Pierre Fetet

Le nombre de cancers de la thyroïde augmente sans cesse

 

La seule enquête épidémiologique existante au Japon en rapport avec la catastrophe nucléaire de Fukushima concerne un diagnostic réalisé pour environ 380 000 jeunes, mineurs au moment de la catastrophe. Avant 2011, l’incidence du cancer de la thyroïde des enfants au Japon était de 0,35 cas par an pour 100 000 enfants ; un seul nouveau cas de cancer de la thyroïde de l’enfant chaque année devait donc advenir dans la préfecture de Fukushima. Or, à ce jour, 160 cas de cancer thyroïdien sont confirmés et 35 enfants sont en attente d’une opération. Malgré ce résultat significatif, l’Université de Médecine de Fukushima affirme que la catastrophe nucléaire de Fukushima n’a pas eu d’influence sur l’augmentation des cancers de la thyroïde des enfants. Cherchez l’erreur.

Répartition géographique des cas de cancers de la thyroïde

Répartition géographique des cas de cancers de la thyroïde

Pour en savoir plus, je vous encourage à lire l’étude réalisée par le Dr Alex Rosen, médecin, président de l’IPPNW-Allemagne (International Physicians for the Prevention of Nuclear War) et publiée le 7 mars 2018

Lien vers la traduction française de l’étude détaillée,

éditée dans le site de Georges Magnier, Vivre après Fukushima

 

La pollution due aux rejets de mars 2011 s’est répandue sur des centaines de km²

 

On retrouve autour de la centrale et jusqu’à des centaines de kilomètres de la centrale du combustible usé prisonnier de billes de verre microscopiques. Les plus petites de ces particules, insolubles, sont très légères et peuvent voyager avec le vent. On peut donc les inhaler. Une fois logées dans des poumons, elles sont piégées à vie et peuvent alors provoquer des cancers.

On ne connaît pas bien le processus de création de ces microbilles qui ont été rejetées dans l’atmosphère en mars 2011, mais elles existent et posent un véritable problème sanitaire. Mais les autorités ne tiennent pas compte de cette pollution. L’incitation au retour des populations dans les territoires contaminés n’est basée que sur la dose ambiante et jamais sur la pollution effective du sol ou les matières en suspension dans l’atmosphère. D'où l'intérêt des mesures des taux de radioactivité par les citoyens eux-mêmes.

Sept ans de malheur nucléaire à Fukushima

Pour en apprendre davantage sur les billes de verre au césium, il faut lire l’article de Cécile Brice publié dans son blog Japosphère le 7 mars 2018 :

Billes de césium à Fukushima, incertitude scientifique contre certitude politique

 

Nous avions déjà évoqué cette information en février 2016 avec cet article :

Un nouveau produit dérivé de la fusion des cœurs a été découvert au loin de la centrale de Fukushima Daiichi

A propos de la pollution et des doses mesurées différemment par les autorités et la population, je vous invite à vous reporter au site Nos Voisins Lointains 3.11 qui suit de près ce dossier et publie les cartes citoyennes :

Le public devrait-il être autorisé à voir la carte de la radio-contamination ?

Dernière carte de la pollution radioactive effeectuée par des citoyens pour Tomioka

Dernière carte de la pollution radioactive effeectuée par des citoyens pour Tomioka

Le retour douloureux de la population en terre radioactive

 

Le retour de la population en terres contaminées se fait dans la douleur. Douleur de familles séparées, douleur du danger de contamination, douleur de ne jamais pouvoir retrouver le cadre d’avant la catastrophe, douleur d’un avenir incertain. Deux camps s’affrontent, les optimistes qui veulent le retour de toute la population en niant les risques pour la santé, et puis les lucides qui savent que la décontamination n’est pas possible (retour des radio-éléments par la poussière venant des forêts) et ne souhaitent pas prendre de risque, en particulier pour les enfants.

 

Je vous propose de regarder ce petit film (4 min 41) diffusé par Greenpeace le 9 mars 2018. C’est le témoignage poignant de Mme Kanno, une ancienne habitante de Tsushima, dans la région de Namie.

Lisez également cet autre témoignage du 11 mars 2018 de Ruiko MUTO, appartenant au groupe « Femmes de Fukushima contre le nucléaire », déléguée de la partie plaignante au procès pénal intenté contre les dirigeants de TEPCO. (traduction française: yosomono-net France)

 

 

Lien vers le message de Ruiko Muto : Message à toutes les personnes dans le monde qui continuent de se préoccuper de Fukushima

La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi n’est pas sous contrôle

 

On parle tellement peu de la centrale de Fukushima Daiichi que l’on finit par croire, avec le temps, que les Japonais ont réglé tous les problèmes. D’autant plus que les jeux olympiques se tiendront à Tokyo en 2020, avec certaines épreuves prévues à 19 km de la centrale de Fukushima Daiichi.

8000 ouvriers travaillent sur site pour s’occuper de la maintenance des installations de refroidissement des piscines et des réacteurs, pour le stockage de l’eau contaminée et son traitement, pour réaliser les opérations de prospection à l’intérieur des réacteurs afin d’assurer le démantèlement futur des installations. Par exemple, une couverture vient d’être terminée pour le réacteur n°3, l’objectif étant de vider le combustible de la piscine dans les deux prochaines années.

 

La nouvelle couverture du réacteur 3 en forme de cylindre vient d'être terminée (photo Tepco)

La nouvelle couverture du réacteur 3 en forme de cylindre vient d'être terminée (photo Tepco)

On a également construit un mur de glace souterrain de 1,5 km qui entoure les quatre réacteurs accidentés. Mais l’Autorité de Régulation Nucléaire japonaise doute sérieusement de l’efficacité de cette technique qui, de surcroit, coûte très cher : 265 millions d’euros pour la construction de l’installation et une facture de 8 millions d’euros par an pour l’électricité consommée pour maintenir le mur gelé… De l’eau contaminée continue donc de couler sous la centrale pour rejoindre la nappe phréatique qui rejoint l’océan Pacifique.  

Prière à la centrale de Fukushima Daiichi le 11 mars 2018 (photo Tepco)

Prière à la centrale de Fukushima Daiichi le 11 mars 2018 (photo Tepco)

Aujourd’hui, le problème de l’eau contaminée n’est donc pas réglé. Plus d’un million de tonnes d’eau radioactive est stockée sur site. La seule solution envisagée par le gouvernement est de la rejeter en mer après traitement, bien qu’on ne réussisse pas à la décontaminer entièrement (seule une soixantaine de radionucléides sont traités sur une centaine).

Dire que la centrale est sous contrôle est donc évidemment exagéré. On ne sait pas quoi faire de l’eau contaminée et on n’a pas encore inventé les techniques pour démanteler les réacteurs en milieu létal. On a bien trouvé où étaient passés les coriums de certains réacteurs, mais on ne sait pas encore avec certitude où ils se sont arrêtés.

 

Pour l’état de la centrale de Fukushima Daiichi, je vous conseille la lecture d’un article très détaillé sur le site L’ACROnique de Fukushima le 8 mars 2018 :

Chiffres clés pour le septième anniversaire

 

Et également, si vous lisez l’anglais, le rapport annuel sur Fukushima, daté du 11 mars 2018, de SimplyInfo.org, site qui suit la catastrophe nucléaire depuis sept ans :

Lire le rapport annuel sur Fukushima

 

 

Une communication incomplète en France

 

J’ai regardé le reportage présenté par Elise Lucet dans Envoyé Spécial le 8 mars 2018, « Fukushima, retour à la vie ». J’ai cru presque me trouver devant un reportage payé par le gouvernement japonais ! En effet, les réalisateurs Pierre Monégier, David da Meda et Emmanuel Lejeune ont fait le choix de présenter le retour de la population dans des territoires contaminés comme une chose envisageable. Mis à part quelques mentions courtes du danger de la radioactivité, le reportage montre 5 exemples de personnes retournant au pays, dont une qui hésite encore mais vient de faire reconstruire sa maison.

 

Elise Lucet présente le reportage : « A Naraha, une des villes évacuées en urgence, on entend à nouveau les rires des enfants dans les écoles, les paysans ont repris leur travail, l’espoir revient doucement à une dizaine de kilomètres de la centrale ». Et la phrase célèbre du pronucléaire Shinzo Abé, devant le comité olympique le 7 septembre 2013 à Buenos Aires pour obtenir les JO, me revient en écho : « Aujourd'hui, sous le ciel bleu de Fukushima, des enfants jouent au ballon et regardent vers l'avenir. »

 

Dans le reportage, pas de témoignage de personnes qui choisissent de ne pas revenir alors qu’ils sont majoritaires… Certes, cela peut être un choix d’attaque du sujet, mais alors il aurait fallu rééquilibrer le propos en apportant des informations. J’ai une impression très mitigée, moi qui suis au courant du danger des faibles doses. Mais pour le commun des auditeurs, quelle impression aura-t-il au final ? Voir un agriculteur qui n’a plus peur de la pluie contaminée, voir une collégienne très contente de retourner dans son collège, voir trois femmes très contentes de créer des poupées pour repeupler le village, voir un pêcheur heureux de pêcher des poissons contaminés en dessous de la norme de 25 Bq/kg, voir un musicien chanter une très jolie chanson sur sa terre natale, voir une école maternelle avec des petits dans un environnement éducatif flambant neuf : toutes les images sont là pour redonner espoir à n’importe qui, même à Elise Lucet, alors que ces gens vivent en territoire contaminé, à quelques kilomètres d’une centrale qui a explosé 4 fois en mars 2011.

 

On espère pour ces enfants que la terre n'est pas contaminée (capture d'écran reportage d'Envoyé spécial)

On espère pour ces enfants que la terre n'est pas contaminée (capture d'écran reportage d'Envoyé spécial)

L'eau de la commune de Naraha est-elle potable quand on sait que les boues du fond du réservoir d’alimentation font plusieurs dizaines de milliers de Bq/kg ? Une question sur la potabilité de l'eau aurait été intéressante. Engager des enfants dans la replantation d’arbres, « pour semer les graines du futur », en leur faisant creuser des trous dans la terre, sans masque, ce n’est pas correct de la part des adultes qui organisent cet évènement. La voix off précise : « La radioactivité est encore 20 fois supérieure au taux recommandé ailleurs dans le monde » mais en même temps, on voit l’image d’un poste de surveillance de la radioactivité montrant 0,105 µSv/h, ce qui indique une radioactivité normale ! Manifestement, les journalistes ne se sont pas formés aux mesures de la radioactivité. Du coup l’info est contradictoire. Ils ne savent pas que ces postes de surveillance cachent des défauts : nettoyés soigneusement chaque jour, la radioactivité y est moindre qu’ailleurs. Et souvent ils sont souvent truqués pour montrer une radioactivité moindre.

A propos de la collégienne Yuka : « Ici au moins, personne ne la traite de pestiférée. » Ça voudrait dire qu’il vaut mieux être contaminé que réfugié ?

La voix off prétend aussi : « Les rivières se lavent peu à peu des contaminations » : c’est faux, il aurait fallu présenter les études de cumul de radioactivité dans les sédiments. Ils auraient appris qu’il existe un point chaud dans la baie de Tokyo par exemple.

Toujours la voix off : « Les forêts n’ont toujours pas été décontaminées », comme si cela était possible ! Puis le prêtre Ousami balaie sans masque la poussière de son temple contaminé. Pas de commentaire sur la possibilité qu’il inhale du combustible.

 

La voix off continue : « Les derniers nés représentent les écoliers qui manquent toujours à l’appel dans les classes de Naraha… L’avenir de Naraha dépend de ceux qui ne sont pas encore revenus… Naraha, leur Furusato à eux, s’est donné trois ans pour se débarrasser des fantômes du passé, les remplacer par de nouveaux écoliers, des fermiers, des pêcheurs, de quoi s’assurer peut-être un avenir, après le plus grave accident nucléaire de l’histoire.

Telle est la conclusion de ce reportage qui me laisse extrêmement perplexe et insatisfait. Est-ce conscient ou inconscient, ces journalistes ont réussi à faire passer le message criminel du programme Ethos à Fukushima : les populations peuvent revenir dans les territoires contaminés, regardez, c’est possible ! N’est-ce pas formidable cet espoir de renaissance ?

 

Photo de la classe maternelle. Les poupées représentent les absents. (capture d'écran reportage Envoyé spécial)

Photo de la classe maternelle. Les poupées représentent les absents. (capture d'écran reportage Envoyé spécial)

Pour conclure, un dernier lien pour contrebalancer ce reportage éthosien, c’est une contribution d’Hisako Sakiyama, directrice de recherche à l'Institut National des Sciences Radiologiques du Japon qui faisait le point en 2013 sur les dangers des faibles doses

Hisako Sakiyama - Evaluation du risque des faibles doses de radioactivité au Japon

 

 

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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 13:52

8ème témoignage de Fonzy

Bientôt arrive le septième anniversaire de l’accident de Fukushima. Ici, tout fonctionne comme avant. Il y a beaucoup moins de manifestations antinucléaires, beaucoup moins de personnes qui continuent à mesurer régulièrement le taux de la radiation avec leur compteur Geiger ou le taux de césium avec leur détecteur Nal. Moi non plus d’ailleurs, cela fait déjà quatre ou cinq ans que mon compteur Geiger se trouve intact dans un tiroir. La radioactivité n’est plus un sujet de la conversation quotidienne. Pourtant, nous n’avons pas oublié Fukushima. Au contraire, Fukushima est omniprésent sur des affiches publicitaires à la gare, dans des émissions à la télé ou dans les supermarchés avec ses tomates, ses pêches ou ses brocolis, mais on ne montre guère le Fukushima qui est couvert de ses milliers de sacs noirs fourrés de terre contaminée, ni le Fukushima dont la terre et les forêts restent contaminées même après des séances de décontamination, ni les réfugiés souffrants qui désirent rester hors de leur pays natal même après la levée de l’interdiction. Bref, parler de Fukushima n’est pas un tabou, mais c’est toujours centré sur le genre « notre Fukushima, le très beau pays ».

 

Par ailleurs, il y a une autre « détabouisation » qui est en cours : la banalisation du cancer. Surtout, la banalisation du cancer de la thyroïde chez les enfants est courante : il y a des médecins qui disent que c’est une maladie tellement courante que l’on en découvre souvent, même des petites tumeurs avec lesquelles on peut vivre, etc… On remarque aussi depuis quelque temps des publicités lancées par le Ministre de la Santé qui encourage les « cancers survivors » de continuer à travailler, et également des téléfilms dont les protagonistes sont atteints d’un cancer grave… Enfin le cancer, qui était un tabou, ne l’est plus, car un Japonais sur deux « l’attrape » selon les spécialistes, du coup c’est une maladie banale.

 

Malgré tout, tous les Japonais ne pensent pas que les misères de Fukushima sont finies. Nous ne sommes pas dupes. Il y a souvent des pétitions contre les décisions de l’Etat qui force à retourner les anciens habitants dans les terres contaminées ou qui vise l’arrêt total du contrôle du césium des produits récoltés à Fukushima, et aussi sont en cours des procès pour les indemnisations des réfugiés ou des employeurs de Daiichi. Il y en a, comme moi, qui ne mangent toujours pas les produits du Nord-Est du Japon, et qui font toujours attention à ce qui se passe dans la centrale. De surcroit, nous nous préparons à des accidents nucléaires éventuels. J’ai récemment été à une assemblée qui distribuait des pastilles d’iode, organisée par une petite association bénévole très locale. Pourtant, à ma surprise, il y avait 350 personnes qui étaient venues à la distribution ! J’ai vu de jeunes mamans avec leurs bébés, des tontons sympas, des dames peu militantes, bref des personnes tout à fait « ordinaires » qui venaient pour chercher leurs pastilles d’iode pour se protéger contre la radioactivité. Cela montre que les Japonais savent maintenant que le nucléaire est équivalent au danger mortel, et qu’il faut se protéger contre un autre accident nucléaire futur, vu la grande probabilité d’un séisme important dans les 30 prochaines années dans la région de Kanto selon des sismologues.

 

Nous, les Japonais, nous nous mobilisons avec calme, pas de révolution comme chez vous. Même si à vos yeux nous ne faisons rien, nous continuons à combattre. Nous agissons en sourdine, petit à petit, un peu comme le césium dans le corps…

Photo : 10 pastilles d’iode (pour 5 jours) que j’ai eues

Photo : 10 pastilles d’iode (pour 5 jours) que j’ai eues

Photo : site de la Centrale de revitalisation de Fukushima (en plurilingue !) https://3w.pref.fukushima.lg.jp/site/portal-fr/

Photo : site de la Centrale de revitalisation de Fukushima (en plurilingue !) https://3w.pref.fukushima.lg.jp/site/portal-fr/

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27 février 2018 2 27 /02 /février /2018 23:23
Toru Takeda (photo Michael Holtz / CSM)

La levée des ordres d’évacuation dans les zones contaminées par la radioactivité suite à la catastrophe nucléaire à la centrale de Fukushima Daiichi, qui a commencé le 31 mars dernier, est l’une des décisions gouvernementales qui ont marqué l’année fiscale 2017 au Japon, et mobilisé les protestations des victimes, car à bientôt un an, il faut noter que cette “politique du retour” a concerné des zones se rapprochant de plus en plus de la centrale, présentant un niveau de dose de radioactivité allant jusqu’à 50 mSv/an ! en outre, le débit de dose jusqu’à 20 mSv/an a été déclaré “sans risque sanitaire”! Rappelons que c’est le maximum autorisé en France pour les travailleurs du nucléaire.

A l’approche de la date des Olympiades, les autorités veulent maintenant supprimer les aides au logement pour certains évacués, qui n’auront d’autre alternative que de rentrer vivre en zone contaminée...

Mais la résistance s’organise, comme à Yonezawa.

Evelyne Genoulaz

 

-oOo-

 

Source : article de Michael Holtz, avec la collaboration de Takehito Kambayashi. Japan wants Fukushima evacuees to go home. They're not so sure. Paru le 21 février 2018 in “Christian Science Monitor” - YONEZAWA, JAPAN.

Traduction : Evelyne Genoulaz

 

-oOo-

160 000 résidents environ ont quitté leur foyer en 2011, après qu’un séisme puis un tsunami causèrent la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl. Aujourd’hui, le gouvernement prétend que beaucoup d’entre eux ne risquent rien à retourner vivre chez eux. Mais il va devoir regagner la confiance des résidents.

 

Toru Takeda n’a qu’un mot à la bouche pour évoquer les avantages comme les inconvénients de la vie à Yonezawa : la neige. Cette ville, située en montagne à 150 miles au nord de Tokyo, se retrouve tous les hivers engloutie sous plusieurs mètres de neige. Il y neige tant, que plusieurs rues sont équipées de systèmes qui projettent sous le sol de l’eau chaude afin de les maintenir praticables.

 

Monsieur Takeda a fini par s’habituer à ces monceaux de neige et aux embarras qui vont avec. Les retards des trains. Le ralentissement du trafic routier. Le pelletage. Il ne neige pas autant dans la ville de Fukushima, d’où il vient, qui se trouve à une heure de route de là par beau temps.

 

Mais la neige présente des avantages certains quand elle fond. « Ici la terre est riche parce que la neige fond petit-à-petit » m’a dit un jour Takeda au cours d’un dîner au centre-ville de Yonezawa. Il est persuadé que ce dégel perlé inscrit les fruits et les légumes qu’on cultive dans la région au nombre des plus savoureux du Japon. Puis il boit une gorgée de café et ajoute d’un ton solennel : « dans le département de Fukushima, l’eau comme la terre demeurent toujours contaminées ».

 

Voilà bientôt sept ans, « le séisme et tsunami dans la région du Tohoku » ont frappé la côte nord-est du Japon, et provoqué des fusions à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, c’est la pire catastrophe nucléaire qu’on ait connue depuis Tchernobyl. Le démantèlement devrait coûter 200 millions d’euros et prendra plus de 40 ans. Malgré tout, un certain nombre des quelque 160 000 évacués de la région ont entamé leur retour.

 

D’après le gouvernement japonais, il n’y a plus de danger, mais Takeda n’en est pas convaincu. Sa confiance dans les autorités a été ébranlée par la réponse hasardeuse qui a été donnée aux suites des fusions. Il accueille désormais avec circonspection les informations émanant des agences de régulation ou des compagnies d’exploitation, sans parler de tout ce qu’on entend de l’état prétendument « sain » des aliments ou, bien évidemment, à propos des centrales nucléaires. Savoir si le gouvernement sera capable de restaurer la confiance de Takeda_ et avec lui, celle de milliers d’autres_ c’est l’enjeu préalable à la revitalisation des bourgs et des villes du département de Fukushima.

 

« Nous ne croyons plus ce que nous dit le gouvernement » affirme Takeda, en parlant pour lui mais aussi au nom de sa femme, de sa fille et d’une vingtaine d’autres évacués dont il sait qu’ils ont refusé de quitter la ville de Yonezawa. « Je ferai tout ce qu’il sera possible de faire et tout mon possible pour y rester » déclare-t-il. Y compris aller devant les tribunaux.

 

Un homme investi d’une mission

 

Tout a commencé en mars dernier, lorsque le gouvernement de la Préfecture de Fukushima a mis fin aux aides inconditionnelles au relogement dont bénéficiaient pas moins de 27 000 personnes qui avaient quitté des zones non désignées comme zones d’évacuation forcée _ au nombre desquelles il y avait Takeda et beaucoup d’autres réfugiés à Yonezawa. Placés devant cette alternative : ou bien le retour dans un lieu dont ils craignaient qu’il fût toujours dangereux d’y vivre ; ou alors, le paiement du loyer, alors que beaucoup d’entre eux n‘en avaient pas les moyens, ils n’ont choisi ni l’un ni l’autre. Ils sont restés dans leur appartement tout en refusant d’en payer le loyer. L’agence du logement public a toléré cette situation quelque temps. Puis en septembre, elle a engagé une poursuite d’expulsion à l’encontre de ceux qu’on appelle les évacués volontaires (1), qui ont aussitôt réagi en levant pour réponse, un bataillon d’avocats.

 

« Les auteurs de la catastrophe, ce sont le gouvernement japonais et TEPCO, observe Takeda, en faisant référence à la Compagnie d’Electricité de Tokyo, l’opérateur de la centrale de Fukushima Daiichi. Ils doivent avoir l’obligation de payer ».

 

Takeda, un retraité de 77 ans, était professeur d’anglais dans un lycée et dès son arrivée à Yonezawa en avril 2011, il est devenu de facto le représentant de la communauté des évacués dans cette ville. Il organise des rencontres à caractère social et rencontre régulièrement les autorités municipales. Sa femme et lui ont même monté un centre d’apprentissage pour les enfants des évacués, dans leur modeste trois-pièces. Il a fermé au bout de deux ans et désormais Takeda consacre tout son temps libre à la bataille judiciaire. Il se démène pour lever les fonds nécessaires à la mobilisation de divers avocats.

 

« Le gouvernement m’a dans le nez, dit-il. Si ce n’était pas pour me suivre, les évacués seraient déjà retournés au pays ».

 

Tandis que la procédure suit son cours à Yonezawa, d’autres victimes ont déjà obtenu gain de cause. C’est ainsi qu’en octobre, une cour de district de Fukushima a condamné le gouvernement japonais et TEPCO à dédommager d’un montant global de 4,4 millions de dollars, un groupe d’environ 2 900 personnes. C’est la troisième fois qu’une cour condamne la Compagnie pour avoir négligé de prendre les mesures utiles à la prévention des fusions.

 

« Ce qui alimente la défiance »

 

La ville de Yonezawa, située à 60 miles au nord-ouest de la centrale de Fukushima Daiichi, accueillit jusqu’à près de 3 900 évacués du département de Fukushima. Il n’y demeure aujourd’hui qu’à peine 500 d’entre eux, selon les registres officiels. D’aucuns sont retournés chez eux suite à des difficultés d’ordre pécuniaire, d’autres parce qu’ils pensent qu’on ne court plus aucun risque, mais beaucoup d’entre eux ont renoncé au retour. Dans une enquête conduite en avril dernier par la préfecture de Fukushima, 80% des évacués volontaires qui vivent dans d’autres départements du Japon ont indiqué qu’ils n’avaient pas l’intention de retourner chez eux.

 

Le gouvernement a fait une grosse campagne pour dissiper les dernières réticences. Mais de l’avis de Shaun Bernie, un senior spécialisé en nucléaire chez Greenpeace, les autorités ont minimisé le potentiel risque sanitaire en raison de la pression qui s’exerçait sur elles, pour présenter la situation sous un jour favorable. A la veille en effet des Olympiades 2020, le Premier Ministre Shinzo Abe tient à tenir sa promesse que la restauration de Fukushima est « sous contrôle ». (2)

 

« Il n’est pas politiquement recevable pour le gouvernement d’avoir des zones qui demeurent inhabitables, commente Monsieur Burnie. Cela crée l’impression qu’une catastrophe nucléaire est susceptible de détruire des communautés entières pour longtemps”.(3)

Etant donné l’empressement du gouvernement à revitaliser Fukushima, il prend le risque d’amplifier encore la défiance de ses concitoyens, et de fragiliser le respect de l’autorité qui est, comme on sait, une particularité profondément ancrée dans la société japonaise. Une enquête de Pew a montré en 2017 que si 57% des Japonais ont toute confiance dans leur gouvernement pour travailler au mieux des intérêts de la nation, 6% tout au plus d’entre eux prêtent attention aux propositions des chefs de file des partis politiques.

 

[…]

 

Pour l’heure, le gouvernement semble déterminé à supprimer bientôt les aides au logement pour les évacués. Il prévoit de les retirer à 5 000 foyers d’ici mars 2019. Des groupes de défense sont en train de faire pression pour qu’il fasse marche arrière. Dans une motion écrite qu’ils ont portée devant le Conseil des Droits de l’Homme auprès des Nations Unies le 2 février, Greenpeace et Human Rights Now – une organisation tokyoïte non gouvernementale – ont appelé le gouvernement à « procurer à tous les évacués de Fukushima les aides au logement qui leur sont nécessaires, y compris à ceux qui ont évacué depuis d’autres zones que celles désignées par le gouvernement, aussi longtemps que de besoin, afin de leur permettre de choisir en toute liberté l’endroit où ils souhaitent résider, sans devoir céder à la pression et retourner vivre malgré eux dans des zones qui mettent en danger leur santé ou leur vie ».

 

Si le gouvernement du Japon en venait à suivre cette recommandation, l’affaire portée devant les tribunaux à Yonezawa resterait sans suite. Takeda dit que ce serait une belle fin mais pour l’heure et sans attendre de savoir si le gouvernement révisera son plan, il s’affaire à préparer sa prochaine audience à la cour le 20 mars prochain.

 

« Je n’ai plus beaucoup de temps devant moi » dit Takeda. « Je ne peux pas retourner chez moi ».

 

 

 

----------------

Notes de la traductrice

 

(1) - Eux se disent “auto-évacués” car ils ont évacué par mesure de précaution , alors que leur lieu de résidence était hors des zones désignées par les autorités comme “d’évacuation forcée”.

 

(2) A Buenos Aires en septembre 2013, Shinzo Abe a porté, devant le CIO, la candidature du Japon pour l’organisation des Jeux Olympiques à l’été 2020, en prononçant : “je vous fais le serment que la situation est sous contrôle. Il n’y a pas eu d’effet [de la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi] à Tokyo et il n’y en aura pas”.

Or, rien n’était alors “sous contrôle” à la centrale et le Premier Ministre lui-même reconnaîtra plus tard qu’il avait menti pour obtenir les Jeux...Aujourd’hui, 7 ans après le 11 mars 2011, rien n’est davantage “sous contrôle”.

 

(3) Force est de constater que ce n’est pas qu’“une impression” mais la stricte réalité.

 

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3 février 2018 6 03 /02 /février /2018 11:32

Texte de HORI Yasuo du 31 décembre 2017, traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN avec la collaboration de Robert Molimard

Sommaire :

  • Stockage des déchets nucléaires : l'avant-dernier
  • Les tribunaux donnent raison aux victimes
  • 13 réacteurs sont en démantèlement
  • Le tribunal d'Hiroshima a interdit la remise en route d'un réacteur dans la centrale nucléaire d'Ikata

 

Décharge à Minamisoma en 2012 à côté d'une école primaire (capture d'écran vidéo CBS News)

-oOo-

 

Stockage des déchets nucléaires : l'avant-dernier

 

Le 28 octobre, on a commencé à stocker provisoirement les déchets  nucléaires sur un site qui devrait être l'avant-dernier (peut-être le dernier et perpétuel), dans les villes d'Ōkuma et de Futaba, où se trouve la centrale nucléaire n°1 de Fukushima. 

 

Le fond d'une large cuvette de stockage a été tapissé de toiles imperméables pour éviter la pollution des nappes souterraines. L'eau de pluie collectée au fond sera purifiée par une machine et rejetée dans les rivières. Ce lieu de stockage a une surface de 16 000 hectares, mais ne constitue que 39% des terrains prévus. Il est difficile d'obtenir l'accord des propriétaires fonciers.

 

Sur ce terrain, on construira ensuite un incinérateur pour les plantes arrachées et les arbres abattus, et un lieu de stockage pour les cendres fortement radioactives. Selon la loi, le gouvernement a promis qu'au bout de 30 ans (avant 2045) ce stockage devra être déménagé hors du département de Fukushima, mais personne bien sûr ne le croit, parce que nul n'acceptera ces installations dangereuses près de son logis.

 

A Fukushima, 15,2 millions de mètres cubes de terre contaminée sont stockés temporairement sur des terrains de sport, dans des parkings et même dans des jardins de particuliers. Selon le plan, la plus grande partie de cette terre contaminée sera transportée dans le nouveau site de stockage d'ici 2020.

Décharge, justice et démantèlement

Les tribunaux donnent raison aux victimes

 

En 2017, 3 jugements ont été prononcés concernant les souffrances générées par l'accident nucléaire. Le 17 mars, par la Cour de justice de Maebashi (département de Gunma), le 22 septembre par le tribunal de Chiba (département de Chiba), et le 10 octobre par le tribunal de Fukushima.

 

À Fukushima, 3800 personnes accusent l'État et TEPCO. Le 10 octobre, 1000 personnes se sont réunies devant le tribunal. Elles ont poussé des cris de joie quand le verdict favorable a été prononcé. Le secrétaire général des plaignants a déclaré: «TEPCO a exploité des réacteurs mal entretenus et a provoqué l'accident. Il est coupable.

 

L'État et TEPCO ont essayé ensemble de cacher leur faute. C'est celle-ci que le tribunal a révélée. »

Décharge, justice et démantèlement

De ces trois procès, celui de Maebashi était presque une victoire et celui de Fukushima une victoire parfaite pour les plaignants. Dans ces deux procès, on a augmenté les indemnités pécuniaires, mais la somme est restée trop faible. A Maebashi, 39 millions de yens (selon Boursorama 289 000 euros) pour 62 plaignants (630 000 yens en moyenne par plaignant, soit 4661 euros) et à Fukushima, 500 millions de yens ( 3 703 703 euros) pour 2907 plaignants (en moyenne 172 400 yens par personne, soit 1270 euros).

 

Décharge, justice et démantèlement

Le verdict de Chiba n'était pas aussi favorable, car il ne reconnaissait pas la faute de l'Etat, mais il approuvait l'indemnité compensatoire à ceux qui souffraient de la perte des conditions de vie basales dans  leurs foyers, cela faisait 376 millions de yens ( 2 785 185 euros) pour 42 plaignants (en moyenne 9 millions de yens par plaignant, soit 66 313 euros).

 

Le tribunal de Fukushima a expliqué la prévisibilité du tsunami de la façon suivante : "Le comité d'Etat sur les risques de tremblements de terre disait dans son rapport de juillet 2002 que, sur la côte pacifique de l'île de Honshu, pourraient survenir de grands tremblements de terre qui pourraient causer de gros tsunamis avec une probabilité de 20% au cours des 30 prochaines années. Si l'Etat avait étudié immédiatement le rapport, il aurait pu anticiper le tsunami de 15,7 mètres qui allait atteindre les réacteurs. Si l'Etat à l'époque avait commandé à TEPCO des mesures adéquates, l'accident aurait été évité. L'État l'a négligé, c'est pourquoi il faut le critiquer. »

 

 

13 réacteurs sont en démantèlement

 

 Le 22 décembre, la compagnie d'électricité Kansay a annoncé qu'elle avait décidé de se défaire de deux réacteurs de la centrale nucléaire d'Ōoi dans le département de Fukui. Après l'accident nucléaire de Fukushima, les règles de maintenance des réacteurs sont devenues plus sévères, de sorte que les petits réacteurs, pour lesquels la réparation et l'amélioration coûtent davantage, ne seront pas rentables. Cependant, ces deux derniers sont très puissants, pouvant à l'avenir produire 117,5 kilowatts d'électricité (la plupart des autres réacteurs mis au rebut produisaient environ 50 kilowatts), il semblait donc qu'ils étaient rentables. Cette décision signifie qu'à présent certains réacteurs deviennent non rentables. Une ère de mise au rebut des réacteurs a commencé, mais s'en défaire est très difficile pour les compagnies électriques.

 

   La plus grande difficulté est de savoir que faire des déchets nucléaires. Ils sont classés en trois catégories, et tous seront enterrés. Les plus dangereux seront enfouis à plus de 70 mètres de profondeur pour les 100 000 années futures. Le démantèlement actuel ou à venir des 9 réacteurs produira 80 000 tonnes de ces déchets, mais on ne les a encore pas enterrés. Seule la compagnie d'électricité de Genden a présenté un plan selon lequel elle enterrera des déchets sur son terrain dans une immense cavité de 100 mètres de long, 80 mètres de large sur 4 mètres de hauteur, mais l'Autorité de Régulation Nucléaire l'étudie encore et le département ne l'a pas approuvé.

 

Le gouvernement a décidé que les déchets émettant moins de 0,01 millisievert par an soient réutilisés, mais jusqu'à présent, seuls quelques-uns ont été réutilisés sur le terrain des compagnies électriques, et jamais ailleurs.

 

Il faut plus de 30 ans pour démanteler parfaitement un réacteur. Au cours des 5 à 10 premières années, les installations seront examinées et nettoyées, tandis que les 8 à 10 années suivantes on démontera les installations peu contaminées. Pendant les 6 à 9 années qui suivront,  on démontera le réacteur. Finalement il faudra encore 4 à 8 ans pour démonter toutes les installations et obtenir un terrain propre. Parmi ces travaux, le plus difficile est le démontage du réacteur, car il est si fortement contaminé que personne ne peut y travailler, les robots font et feront ces travaux, mais cela demande une très haute technicité.

 

Les difficultés décrites ci-dessus sont expliquées dans les journaux, mais j'ai une autre crainte, qui sera le manque de main-d'œuvre. Les gens ne veulent pas travailler dans cet endroit dangereux, se soumettre constamment à la radioactivité. Selon la loi, les personnes  déjà été exposées à plus de 100 millisieverts pendant 5 ans ne peuvent plus travailler dans une centrale nucléaire. L'entreprise doit donc employer de plus en plus de nouveaux ouvriers inexpérimentés. Maintenant, au Japon, il y a un manque général de main-d'œuvre. De nombreuses entreprises dépendent d'ouvriers étrangers asiatiques.

 

   Rien que dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima, 10 000 personnes travaillent chaque jour. Pour  démanteler 11 réacteurs, il faudra chaque jour au moins 100 000 travailleurs et embaucher davantage de nouveaux ouvriers chaque année. Y aura-t-il assez de force de travail pour cela? Y aura-t-il une main-d'œuvre de qualité suffisante pour cela? Les compagnies d'électricité pourront-elles dépenser autant d'argent? La force économique japonaise durera-t-elle aussi longtemps? En attendant, n'y aura-t-il pas d'autres cataclysmes?

 

 

Le tribunal d'Hiroshima a interdit la remise en route d'un réacteur dans la centrale nucléaire d'Ikata

 

Le 13 décembre, la cour d'appel d'Hiroshima a décidé que le réacteur n°3 de la centrale nucléaire d'Ikata sur l'île de Shikoku ne devait pas être remis en route en raison du danger d'une possible éruption du mont Aso dans l'île de Kjūshū. Ce réacteur est en cours d'examen et on prévoit de le redémarrer en janvier 2018, mais cela pourra être impossible. Pour la première fois devant la cour d'appel, le parti antinucléaire a gagné. C'est très important pour nous.

Décharge, justice et démantèlement

  Un autre point à noter concernant ce jugement est que le tribunal a interdit la remise en route du réacteur selon les règles de l'Autorité de Régulation Nucléaire. Celle-ci avait approuvé cette reprise d'activité, estimant négligeable le danger d'une grande éruption du mont Aso.  Mais le tribunal a jugé que la relance de la centrale nucléaire d'Ikata mettait en danger la vie humaine, à cause de l'énorme éruption du volcan Aso à 130 kilomètres de là.

 

Jusqu'à présent, devant les tribunaux, le principal débat concernait les tremblements de terre, mais devant ce tribunal il s'agissait de volcans et d'éruptions, et la cour a jugé que, selon les règlements édictés par l'Autorité, on doit être plus sévère pour évaluer l'état et les dangers des volcans. Le Japon est un archipel volcanique, donc il y a partout des volcans dangereux. Grâce à cette décision, le camp antinucléaire a acquis une nouvelle arme pour lutter contre le gouvernement et les compagnies d'électricité.

 

Il y a trois réacteurs dans la centrale nucléaire d'Ikata. L'entreprise a déjà décidé de démanteler le réacteur n°1, n'a encore rien décidé pour le réacteur n°2, et cette fois le tribunal a interdit l'exploitation du réacteur n°3. La politique nucléaire est dans une situation de plus en plus défavorable, mais le gouvernement et le monde industriel s'accrochent au nucléaire.

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Dossier sur le rejet des eaux contaminées dans le Pacifique

« Fukushima - Rejets dans le Pacifique : clarification et mise en perspective »

Une analyse critique des données concernant les rejets des eaux radioactives de la centrale de Fukushima Daiichi initiés en août 2023, dossier réalisé par la CRIIRAD qui tente de répondre à ces questions : Quels sont les principaux défis auquel est confronté l’exploitant de la centrale ? Quels sont les éléments radioactifs rejetés dans le Pacifique ? Les produits issus de la pêche sont-ils contaminés ? Est-il légitime de banaliser le rejet d’éléments radioactifs, notamment du tritium, dans le milieu aquatique ? Qu’en est-t-il en France ?

Consulter le dossier

 

 

Spectacle

Le spectacle d'Audrey Vernon "Fukushima, work in progress" est disponible en ligne à cette adresse :

https://www.imagotv.fr/spectacles/fukushima_work_in_progress

 

 


 

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